Adieu les cons : Et retrouver la magie du cinéma…

Sorti une semaine avant la fermeture des cinémas en octobre 2020, le septième long-métrage d’Albert Dupontel est de retour dans les salles en ce 19 mai. Une deuxième chance pour les téléspectateurs de ne pas passer à côté de cette pépite, pour le moins surprenante.

Par Grégory Ardois-Remaud

Ah (soupir), le grand écran, les salles obscures, les histoires qu’on y découvre, les mondes dans lesquels on entre, l’introspection qui en découle et les émotions surprenantes qui nous chavirent. C’est sûr, les cinémas nous ont manqué, et certains films ont le talent de nous rappeler pourquoi. La deuxième sortie de ce nouveau film de Albert Dupontel tombe donc à point nommé, tant le film, grand vainqueur des Césars en mars dernier, correspond totalement à ce qui fait la magie du cinéma…

Une rencontre explosive entre Suze Trappet et Jean-Baptiste Cuchas à l’origine d’une aventure à l’humour enlevé et efficace.

Pourtant, de prime abord, en allant voir Adieu Les Cons, nous nous attendions surtout à voir une bonne comédie, baignant dans un univers délirant, inhérent au cinéma de Dupontel, et servant à critiquer notre société actuelle. En gros, on pensait beaucoup rire, notamment sur les travers de notre monde. Tout ceci s’est révélé parfaitement vrai, mais, pas seulement… Le cinéaste a, en effet, vu beaucoup plus grand…

Le titre du film aurait pourtant dû nous mettre en garde…

En nous emmenant dans la quête de Suze (Virginie Efira) et ses deux comparses, bien sûr que l’on rit, tant les dialogues sont drôles, parfois subversifs. On s’y amuse également beaucoup dans l’univers visuel du réalisateur proche du conte,  qui semble, ici, sans borne. De même, présentant un monde absurde, voire complètement barré, nous comprenons vite qu’il s’agit pourtant bien d’une simple caricature de notre société moderne, de son absence d’humanité et de bon sens. En somme, le message global apparaît : « Notre monde est fou ». La satire comique est donc en place…

Dans leur quête, nos deux comparses sont aidés par M. Blain (Nicolas Marié). Un documentaliste atteint de cécité, qui se révèle pourtant le moins aveugle des trois.

Pourtant, le réalisateur dépasse rapidement ce simple cadre de la comédie grinçante et ses codes pour y incorporer d’autres ingrédients, comme, par exemple, quelque chose qui peut s’apparenter quasiment… à de la tragédie moderne. En effet, au fur et à mesure, et malgré la drôlerie des situations l’incapacité du duo formé par les personnages de Virginie Efira et Albert Dupontel à comprendre ce monde déréglé fait vaciller le long-métrage vers un ton clairement moins souriant. Le titre du film aurait pourtant dû nous mettre en garde …

C’est ça Dupontel : le farfelu hilarant qui nous arrache les larmes.

S’y ajoute également,  plusieurs scènes presque poétiques, touchant au sublime, comme lorsque le personnage incarné par Jackie Berroyer, et atteint d’Alzheimer, revient chez lui. Ou lorsque, dans une scène qui pourrait être hilarante, Suze Trappet (Virginie Efira) communique via un ordinateur avec un autre protagoniste coincé dans une cabine d’ascenseur après une panne électrique géante dantesque, nous laissant la gorge serrée. C’est finalement ça Dupontel : le farfelu hilarant qui nous arrache les larmes. En parlant de glandes lacrymales, que dire de cette dernière scène, apothéose d’inventivité complètement barrée, mais surtout d’une émotion inarrêtable… En une heure et demie, le film monte en puissance dans une intensité qu’on ne lui imaginait pas. Et, au moment où le générique s’affiche face à nous, passé le choc,  nous sommes bien surpris d’être passés du rire aux larmes.

La poésie et l’émotion s’invitent également dans une oeuvre décidément surprenante

A noter également la qualité du casting. Une fois de plus, Virginie Efira est des plus convaincantes. Campant ici une femme debout, mais consciente de ses faiblesses, l’actrice éblouit, encore une fois. Quant à Nicolas Marié (césarisé pour ce rôle), il incarne parfaitement cet archiviste qui va guider, avec clairvoyance et ce, malgré sa cécité, Efira et Dupontel incapables de voir l’essentiel.

Alors que l’on retrouve aujourd’hui l’atmosphère quasi grisante des salles de cinéma,  le nouveau film d’Albert Dupontel, (césarisé à sept reprises en mars dernier) sorte de fable tragique, nous fait renouer avec la magie du cinéma. Simple comédie en apparence, celle-ci s’émancipe d’un cadre trop formel pour délivrer un message bouleversant. Avec Adieu les Cons, Dupontel nous cueille. On s’en étonne. Mais après tout, c’est ça le cinéma. Non ?

Ca parle de quoi ?  Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.

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