Il y a toujours une certaine appréhension à la lecture d’un roman autobiographique. En effet, pour que l’intime rendu public soit justifié et qu’il ne tombe pas dans l’exposition purement impudique, il faut qu’il y ait quelque chose de l’ordre de l’universel, dans lequel chacun va pouvoir se retrouver, ou alors un parcours particulièrement extraordinaire à mettre en lumière, qui soit potentiellement riche d’enseignement pour le lecteur. Malheureusement, pour cet ouvrage d’Éric Katz, on peine à en trouver un sens à la démarche malgré un pitch potentiellement prometteur…
Par Grégory Ardois-Remaud
En effet, dans son premier ouvrage, l’auteur-narrateur nous parle notamment de la perte de son compagnon dans les années 90 et du désarroi qui s’est ensuivi, de l’enchaînement de partenaires pour combler le vide et la culpabilité d’être encore vivant, alors que l’autre n’est plus, jusqu’à ce que la vie reprenne, lentement, le dessus. En somme, un résumé qui laisse augurer d’un texte prenant. Seulement, malgré la bonne volonté de l’auteur, l’histoire touchante se perd très vite au milieu de digressions, de descriptions hasardeuses, d’analyses qui n’ont parfois de sens que pour celui qui les pose ou d’une écriture pourtant pointilleuse. C’est justement ça le drame de ce texte: la profondeur d’une écriture pesée, millimétrée, qui sclérose le reste, aidée par certaines anecdotes, pour certaines banales, pour d’autres plus « malaisantes » qu’essentielles.
« Virgule, point-virgule, point, comme les étapes d’une lente agonie »
À l’image de son auteur aux multiples facettes [concepteur-rédacteur, enseignant en expression visuelle et maintenant écrivain], Le vide multiplie les rôles et les intentions pour, finalement, ne faire que les choses à moitié, malgré l’évidente bonne volonté
d’Éric Katz. À vouloir trop en faire ou en trop en dire, le message devient inaudible. Malgré tout, on retiendra un certain talent pour l’analyse et l’expression du mot, qui devrait servir de meilleurs ouvrages à l’avenir. Dommage…

Le Vide d’Eric Katz, aux Editions Unicité
Le pitch ?
« Ça prévient pas quand ça arrive, ça vient de loin. Ça s’est traîné de rive en rive, la gueule en coin. Et puis, un matin au réveil, c’est presque rien, mais c’est là ça vous ensommeille au creux de reins. Le mal de vivre. Le mal de vivre. » Virgule, point-virgule, point, comme les étapes d’une lente agonie. Où sont-ils donc passés tous ceux qui n’en sont pas revenus du mal de vivre?