A quel moment atteint-on le point de non-retour pour enfin ne plus avoir le choix, sinon celui d’être et de ne plus subir ? C’est la question principale que pose le premier roman de cet auteur né à St Brieuc, il y a quarante ans. C’est justement la fameuse crise de la quarantaine qu’aborde le narrateur au gré des 202 pages de l’ouvrage. Julien, habituellement passif face aux évènements de sa vie, va devoir affronter une tempête inévitable. Pour mieux renaître ?
Par Grégory Ardois-Remaud
« La nostalgie est un sentiment qui me submerge comme une vague déferlant sur mon cœur, emportant tout sur son passage, même les champs de ruine de ma tristesse ». C’est ainsi que débute le récit de Julien, juriste de 43 ans en proie à une torpeur qu’il a bien du mal à quitter. Le confort de l’inconfort en somme. Au milieu de ces eaux trop calmes, c’est bien les souvenirs d’enfance du narrateur, havre de plénitude et de sérénité, s’imposant de plus en plus à lui, qui vont déclencher la bourrasque sur une existence trop bien huilée, mécanique. Tandis que la dépression s’installe, les images d’enfance insistantes sur le petit garçon qu’il était, les rencontres et une introspection conséquente, vont conduire le quadragénaire à s’interroger sur le véritable sens de sa vie.
« -T’en as vécu des choses, mamie.
Mais c’est fait pour ça la vie. Pas pour rester le cul planté sur une chaise devant un écran qui te bousille les yeux et qui t’empêche ensuite de regarder les beautés de ce monde. »
Si la thématique de la crise existentielle a déjà été maintes et maintes fois revue, on peut saluer l’essai globalement réussi de l’auteur de se pencher sur ce passage inéluctable, même si salvateur, de la vie. Malgré quelques longueurs, certains poncifs battus et rebattus (comme la grand-mère forcément « bobo parisienne », encore jeune dans sa tête, qui aime l’opéra) des passages sans grand intérêt, on peut saluer l’écriture d’Alain Rozland, fine et efficace, ainsi que la qualité de certaines envolées.

La fin saura vous faire réfléchir à votre propre destinée, et c’est sûrement cela le véritable but de l’auteur : nous interroger sur le sens de nos choix et de notre vie. L’ancien steward, qui suit désormais des études de droit, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un deuxième roman est dans les tuyaux avec cette fois-ci un personnage féminin au centre de l’intrigue. A suivre…
Les Beignets sur la Plage d’Alain Rozland, aux Editions Persée
Le pitch ?
Julien a quarante-quatre ans. Le premier souvenir de sa vie est une plage, un joyeux brouhaha d’enfants, la mer et la saveur sucrée des beignets. Sans qu’il en ait conscience, ce premier souvenir va constituer une toile de fond omniprésente dans sa vie. Il le mènera irrésistiblement vers la liberté. Mine depuis vingt ans par son quotidien routinier de juriste, dans une filiale d’une grande banque française, Julien est également malheureux dans son couple avec Sophie, une jeune serveuse de vingt-sept ans. Observateur éclairé de notre société, sur laquelle il pose un regard à la fois ironique et désabuse, Julien brosse en outre une fresque de personnages qui croisent son chemin de manière durable ou fugace. Ces personnages, et les évènements qu’il partagera avec eux, traceront peu a peu son chemin – parfois sombre et sinueux – vers une redécouverte de lui-même et un nouveau destin, teinte d’espoir et de beauté.